Les écritures comptables peuvent être enregistrées de deux façons, en utilisant la méthode de la comptabilité d’engagement ou de trésorerie. Notre guide complet vous expose les règles et les principales différences entre ces modes de saisie.
Comptabilité d’engagement et de trésorerie : différences
Ces deux méthodes d’enregistrement comptable sont diamétralement opposées.
La comptabilité d’engagement
Dans la comptabilité d’engagement, les mouvements sont enregistrés dès qu’ils sont acquis ou engagés. Cela signifie que les recettes ou les dettes sont comptabilisées même si le flux financier correspondant n’est pas réalisé. L’encaissement ou le décaissement peut donc ne pas avoir encore eu lieu.
La comptabilité de trésorerie
À l’inverse, dans la comptabilité de trésorerie, les mouvements sont comptabilisés uniquement quand le flux financier est réel. L’encaissement ou le paiement doit donc être effectif, ce qui implique que les dettes ou les créances ne sont pas concernées ici.
Comptabilité d’engagement et de trésorerie : atouts et inconvénients
Chacun des deux systèmes présentent des avantages mais aussi quelques points faibles.
La comptabilité d’engagement
Les atouts
La comptabilité d’engagement produit de l’information financière d’une qualité supérieure,car elle donne une photographie plus fidèle du patrimoine et des performances de l’entreprise. Elle permet en outre de mieux suivre les postes clients et fournisseurs (recouvrement des créances et gestion des paiements).
Les inconvénients
Le seul véritable point négatif de la comptabilité d’engagement est sa mise en place, relativement contraignante, avec de nombreuses écritures comptables à passer. Elle est donc plus chronophage que la comptabilité de trésorerie, ce qui implique un coût plus important pour l’entreprise.
La comptabilité de trésorerie
Les atouts
Très simple à mettre en œuvre, la comptabilité de trésorerie permet une saisie plus rapide des écritures. Cela se traduit par une économie en termes de temps, et donc d’argent, pour l’entreprise. Dans le cas où un cabinet extérieur s’occupe de la comptabilité, celui-ci facturera des honoraires moins importants. Si c’est le chef d’entreprise qui gère cette partie, il pourra dégager davantage de temps pour remplir des missions bien plus importantes : développement du chiffre d’affaires, échanges avec les collaborateurs…
Les inconvénients
Une comptabilité plus simple est forcément moins complète. Les faiblesses d’une méthode étant les atouts d’une autre, la comptabilité de trésorerie présente donc les points négatifs suivants :
- Information financière moins qualitative
- Suivi des comptes clients et fournisseurs plus compliqué
Comptabilité d’engagement et de trésorerie : comparaison
Nous vous présentons un exemple chiffré afin de bien faire la différence entre une comptabilité d’engagement et de trésorerie.
Données
Une société clôture son exercice au 31/12/N.
Elle émet une facture de 10.000€ le 30/11/N, payée pour 7.500€ le 31/12/N, avec un solde payé le 31/01/N+1.
Pour cela, elle a acheté des marchandises d’une valeur de 2.000€, dont la facture est réglée le 31/01/N+1.
Afin de simplifier la lecture des écritures, la TVA et l’IS ne sont pas pris en compte dans cet exemple.
Tableau comparatif au niveau du compte de résultat
Libellés | Comptabilité d’engagement | Comptabilité de trésorerie |
CA | 10.000 | 7.500 |
Charges | (-) 2.000 | 0 |
Résultat | 8.000 | 7.500 |
Tableau comparatif au niveau du bilan
Il convient ici de détailler l’actif et le passif :
Libellés | Actif | |
Comptabilité d’engagement | Comptabilité de trésorerie | |
Créances client | 2.500 | 0 |
Disponibilités | 7.500 | 7.500 |
Total | 10.000 | 7.500 |
Libellés | Passif | |
Comptabilité d’engagement | Comptabilité de trésorerie | |
Résultat | 8.000 | 7.500 |
Dettes fournisseur | 2.000 | 0 |
Total | 10.000 | 7.500 |
Analyse
On constate que l’information obtenue grâce à la comptabilité d’engagement est de meilleure qualité, puisqu’elle prend toutes les données en compte (les opérations effectivement réalisées et celles à venir).
Au niveau du résultat, celui-ci est plus affiné (8.000€ au lieu de 7.500€). Dans le bilan, les créances sur les clients et les dettes auprès des fournisseurs sont valorisées afin de donner une image plus juste de la situation financière de l’entreprise.
L’obligation d’application d’une méthode comptable
En fonction de certains critères, l’une des deux méthodes doit obligatoirement être adoptée.
L’utilisation impérative de la comptabilité d’engagement
Les entités suivantes sont dans l’obligation de tenir une comptabilité d’engagement :
- Sociétés commerciales (EURL, SARL, SASU, SAS, SA, SCA, SNC…) et assimilées (SELARL, SELAS…)
- Sociétés
civiles :
- Imposées dans la catégorie des BIC (à l’IS ou à l’IR)
- Ou ayant un associé relevant des BIC
- Ou exerçant une activité économique*
- Entreprises individuelles (EI) et à responsabilité limitée (EIRL) relevant des BIC (à l’IR ou à l’IS)
- Associations
:
- Reconnues d’utilité publique
- Ou émettant des valeurs mobilières
- Ou percevant + de 153.000€ de subventions
- Ou exerçant une activité économique*
- Comités d’entreprise disposant de ressources > à 153.000€
*Une entité est considérée comme exerçant une activité économique à partir du moment où elle dépasse 2 des 3 seuils que sont : 3.100.000€ de CA / 1.550.000€ de total du bilan / 50 salariés.
L’utilisation impérative de la comptabilité de trésorerie
Les entités suivantes sont dans l’obligation de tenir une comptabilité de trésorerie :
- EI et EIRL relevant des BNC
- Sociétés civiles non soumises aux BIC ou à l’IS
- Associations non soumises à la comptabilité d’engagement
- Comités d’entreprise non soumis à la comptabilité d’engagement
Le choix d’une méthode comptable différente sur option
Dans certains cas bien précis, il est possible d’opter pour l’autre méthode comptable (engagement ou trésorerie).
Comptabilité d’engagement sur option
Les professionnels dans la catégorie des BNC, qui sont sous le régime de la déclaration contrôlée, sont autorisés à utiliser la comptabilité d’engagement. Il est nécessaire pour cela de formuler une demande au SIE (service des impôts des entreprises) compétent, sur papier libre.
Attention, cette option doit obligatoirement être faite avant le 1er février de l’année au cours de laquelle la comptabilité d’engagement va être appliquée. En cas de démarrage d’activité, cette date est identique à celle de la déclaration de bénéfice de la 1ère année d’exercice. Cette option se renouvelle ensuite chaque année par tacite reconduction.
Comptabilité de trésorerie sur option
Une entreprise individuelle ou une société relevant des BIC doit normalement appliquer une comptabilité d’engagement. Elle peut cependant opter pour une comptabilité de trésorerie, plus simple, afin de s’affranchir de certaines règles.
Les entités concernées sont les sociétés commerciales et artisanales au réel simplifié d’imposition. Cela signifie que leur CA HT est compris entre :
- 170.000 et
789.000€ pour les activités suivantes :
- Achat-revente
- Vente à consommer sur place
- Fourniture de logement
- 70.000 et 238.000€ pour les prestations de services
Dans la pratique, seule une partie des règles de la comptabilité de trésorerie est appliquée. L’entité va alors utiliser cette méthode comptable tout au long de l’année, mais elle doit constater à la clôture de l’exercice l’ensemble des créances clients et des dettes fournisseurs.
En résumé
En matière de comptabilité, la méthode dite d’engagement ou de trésorerie s’impose la plupart du temps, avec des règles plus ou moins contraignantes à respecter. Le premier système, plus complexe à mettre en place, fournit également une meilleure analyse financière. Une option pour l’autre méthode peut néanmoins être demandée dans certaines situations.